International. « La France est demeurée aveugle face à la préparation du génocide des Tutsis, en 1994. Le rapport Duclert souligne la responsabilité de François Mitterrand »
Dans une quasi-indifférence générale, pour le moins gênante, le rapport de Vincent Duclert (deux ans de travail sur archives, 1 225 pages, quatorze historiens…) est venu éclairer un fait majeur de notre Histoire récente : le génocide de presque un million de Tutsis au Rwanda en 1994.
Ce qui, jusque-là, était honteusement tu et ignoré par la France, éclate désormais au grand jour : la responsabilité accablante de l’Élysée, et de son état-major particulier, dans ces horribles massacres à la machette. Certes, l’armée française présente dans ce pays n’a pas participé directement à ce génocide, mais a soutenu aveuglément en toute connaissance, le gouvernement hutu, et plus précisément :
– La présidence française a apporté un soutien inconditionnel à un régime raciste, extrémiste, corrompu et violent, notamment au motif fumeux de défense de la francophonie.
– La présidence française a rejeté tout dialogue avec les nombreux Tutsis exilés, position qui a conforté le régime hutu dans sa funeste entreprise.
– La France a livré en quantités considérables, des armes et des munitions à ce régime extrémiste, outre la formation des militaires locaux.
– La présidence française a ignoré les trop nombreuses alertes venant de Paris et Kigali, dont celles maintes fois réitérées concernant la préparation du génocide, puis sa mise en œuvre, cent jours durant.
– La présidence française s’est obstinée à vouloir qualifier de simple guerre civile ce qui était une entreprise génocidaire, la plus importante depuis la Shoah.
– La France a fait preuve d’une complaisance accablante, en permettant la fuite, en totale impunité, des principaux leaders de ces massacres.
Comment un président de la République française, François Mitterrand, et son état-major particulier, disposant de tous les renseignements, informations, alertes, contacts… ont-ils pu sciemment, jour après jour, armé les assassins, laissé faire ces massacres et même plus tard, protégé leur fuite?
Une énorme tache, monstrueuse même, sur cette présidence ! Mais que retiendront finalement les historiens ? Pourquoi autant de silences avant, et encore aussi peu de résonance dans les médias après la remise de l’accablant rapport Duclert : aucune Une, de très rares éditoriaux, souvent de simples évocations en deuxième ou troisième page… alors que l’on parle de la responsabilité de la France dans presque un million d’assassinats… L’Afrique, le Rwanda, c’est vraiment très loin, et toutes les vies, assurément, ne se valent pas !
Michel Le Borgne (Finistère)
