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REACTION A LA DECLARATION DE MGR MUYENGO SUR LA COMMUNE RURALE DE MINEMBWE

La sortie médiatique de l’évêque du Diocèse d’Uvira, Sébastien Joseph Muyengo, en date du 05/06/2020 sur ce qu’il appelle « traitement spécial réservé à la commune de Minembwe » en a surpris plus d’un, tellement sous sa plume se pressent les affirmations les unes plus fantaisistes, les plus naïves et les plus alarmistes que les autres!

Tout semblait porter à croire pourtant que la réunion du 14 septembre 2020 à Uvira, entre Mgr. Muyengo et quelques notables de la communauté Banyamulenge, dont l’Honorable Ruberangabo avait débouché sur un consensus quant à la conduite à tenir vis-à-vis de la situation de conflits et de crise de confiance entre communautés dans la grande partie de l’espace géographique du diocèse d’Uvira.

Le but de cette réunion n’était autre que de dissiper les malentendus et les mécontentements provoqués par la lettre du 01 Août 2020, par Mgr. Muyengo au sujet des événements de Kipupu et pour laquelle les Banyamulenge se sont sentis outragés. Mais hélas, en moins de quelques semaines, tout cela est désormais considéré comme fini dans la poubelle de l’histoire !

Alors qu’on a rien entendu de la part de l’Evêque d’Uvira lorsqu’il s’est agi de la destruction massive, par les MAI-MAI des villages Banyamulenge, y compris ceux  abritant les diaconies de son diocèse, Mgr. Muyengo s’illustre plutôt dans un dossier qui relève de la compétence de gestion de l’administration du territoire.

Mais pire encore, au lieu de jouer à l’apaisement, il choisit de se ranger du côté de ceux qui libèrent toutes les tempêtes contre lesquels les paisibles citoyens Banyamulenge sont confrontés dans son diocèse.

Il y a donc lieu de donner raison à ceux qui parlent souvent et avec insistance, des «méchants pasteurs». Ceux-là qui abusent du peuple, le manipulent et les empêchent de se lever dans l’appel et les dons de Dieu.

Il n’en manque malheureusement pas dans notre contrée ! Si vous lisez/ suivez le message de l’Evêque d’Uvira à propos de l’installation officielle des animateurs de la commune rurale de Minembwe, un événement contre lequel il se montre hypersensible comme si l’on avait arraché une dent de sa mâchoire sans anesthésie, vous comprendrez parfaitement qu’il n’est pas loin d’être l’un de ces méchants pasteurs.

D’aucun doutent que le cynisme qui ravage les Hauts et Moyen-Plateaux d’Uvira, Fizi et Itombwe n’atteindrait pas ces proportions si les faiseurs d’opinions, Mgr. Muyengo en premier, s’étaient investis en rassembleurs.

Dans son discours et dans une sensibilité à fleur de peau comme toujours lorsqu’il s’agit des Banyamulenge, Mrg. Muyengo, à l’instar des activistes extrémistes des réseaux sociaux, n’a pas hésité d’accabler la communauté Banyamulenge des quolibets, en les soustrayant du reste des communautés du Sud-Kivu.

Cela peut se lire dans une des phrases de sa déclaration selon laquelle, je cite : «Plutôt que de parler de commune rurale, nos populations considèrent qu’il s’agit ici des « terres ou territoires occupés ».

Il ne faut pas se voiler la face pour autant. Par « nos populations », le pasteur, Mgr. Muyengo exclut, stigmatise et discrimine une partie de ses brebis ; les Banyamulenge. Et par ce fait, il prouve à suffisance qu’il n’est pas à l’abri de se faire contaminer par le virus de la haine et prend ainsi les allures d’un berger mercenaire; celui pour lequel les brebis ne comptent pas vraiment.

(Jean, chapitre 10, versets 1 à 21). Il divise le pâturage et s’écarte ainsi des valeurs fondamentales du bon pasteur qui est venu pour rassembler en un seul bercail, dans l’amour du Père, toutes ces brebis dispersées par l’intervention du mal. Par « terres ou territoires occupés »,  et en décidant délibérément de mentir, de transformer la vérité sur les limites géographiques du territoire rural de Minembwe comme précisé par le décret n° 13/029 du 13/06/2013.

Il a trouvé une occasion – à ne manquer sous aucun prétexte -, de formaliser son alliance avec les MAI-MAI, acquérant ainsi le souffle nécessaire pour inoculer encore et davantage une dose de haine contre les Banyamulenge, comme si celle déjà infusée dans la nature par Bitakwira, Fayulu, Mubake, Sesanga et consorts était insuffisante pour polluer l’air que respire désormais cette communauté vouée au péril et à l’extermination.

Il est évident que notre prélat s’est laissé entrainer dans les méandres politiques de certains leaders en mal de positionnement, si pas happé par le cyclone de la haine qui les amène à ne se focaliser que sur la commune rurale de Minembwe, qui  du reste, n’est qu’un arbre qui ne doit pas cacher la forêt.

En effet, sa rhétorique, en surdose d’animosité contre le Munyamulenge, place le prélat devant les manquements à ses responsabilités, explique ses opinions rangées, lui confère le statut d’un menteur attitré et met à nu la myopie de ses sentiments devant l’horreur de ses ouailles dans le diocèse de son ressort.

Rappelons au passage que le Comite Laïc de coordination (CLC) lui a emboité le pas. Mais là aussi, comme pour le prélat, ils n’ont fait que preuve de facilité toute particulière à se lancer dans des inductions dont ils connaissent bien la témérité et le mensonge.

Une tendance fâcheuse, fruit naturel d’esprits simplistes et de manque d’esprit critique ; leur déclaration étant faite sans discernement, selon le hasard, ou, ce qui est encore plus grave, selon les passions politiques du moment.

De ce fait, cela ne devrait plus agacer personne qu’un homme dit de Dieu se livre systématiquement et avec acharnement dans une bataille contre une partie de la communauté du diocèse de son ressort, au seul motif qu’elle n’appartient pas au peuple Bantu, qu’elle est selon les dires de Mgr. Muyengo, « identifiées comme des congolais d’origine rwandaise et d’ethnie Tutsi »!

A Minembwe pourtant, il existe une paroisse catholique sous l’administration du Diocèse d’Uvira. L’église, le couvent des prêtres et le bureau de la paroisse sont tous érigés dans le village Madegu dont les habitants sont en majorité, si pas exclusivement des Banyamulenge.

Peut-on donc parler aussi, dans ce cas, d’une occupation des terres du diocèse d’Uvira par les personnes identifiées comme congolais d’origine Rwandaise et d’ethnie Tutsi ?  En quoi la logique de la décentralisation par l’Eglise catholique, pour ses fideles, serait-elle différente de la logique de décentralisation, par le pouvoir public, pour ses citoyens ?

De quelle absurde manière serions-nous tentés d’imaginer que la paroisse de Minembwe, en Diocèse d’Uvira, puisse, de quelque manière que ce soit, être gérée par le Diocèse de Cyangugu, au Rwanda ? Si cela ne peut être que fruit de l’imagination, pourquoi n’acceptons pas que ce qui est vrai pour la paroisse catholique de Minembwe, puisse l’être également pour la commune rurale de Minembwe?

Quand la paroisse catholique a été accordée à Minembwe par l’autorité ecclésiastique du diocèse d’Uvira, aucune autorité politique n’a osé se mêler de l’affaire. Mais quand il s’agit de l’érection de Minembwe en commune rurale, le prélat catholique jette toute ses forces dans la bataille pour s’y opposer jusqu’à interpeller le président de la République sur cet acte qui ne relève que de la simple concrétisation d’un aspect du plan de développement du pays dont la lenteur dans la mise œuvre, par les autorités politiques, ne cesse d’être décriée par les autorités religieuses.

Bien entendu, il est compris, sans ambages, que par ses propos sur la commune rurale de Minembwe, et pendant que les communautés des Hauts et Moyens-Plateaux du diocèse d’Uvira s’attendaient plutôt à un message d’appel à la paix et à la retenue de la part du prélat catholique d’Uvira, Mgr. Muyengo a choisi la politique de la terre brulée.

En jouant habilement sur la corde de l’identité nationale et l’occupation des terres, il savait pertinemment bien qu’il attisait le feu pour brûler ce qui reste de la communauté Tutsi Banyamulenge.

Une bonne manière pour lui d’accélérer le projet auquel il a, sans doute souscrit, qui n’est autre que l’extermination de ces « Tutsi d’origine Rwandaise ». Un projet, à en croire l’esprit de la déclaration de Mgr. Muyengo, qui semble prendre du plomb dans l’aile avec l’établissement, à Minembwe du bureau officiel de la commune rurale!

Ce que les Banyamulenge ne parviennent pas à comprendre et qui les plonge dans un abîme de perplexité navrée, c’est de voir comment tant de Congolais avertis et tant d’hommes politiques, supposés avisés, concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à  l’immolation d’une partie du peuple congolais sur l’autel des ambitions utopiques et exacerbées de tout un réseau de manipulateurs.

La communauté Banyamulenge se pose la même question à propos de toutes ces organisations omniprésentes des droits humains, toutes ces ONGs et tous ces médias qui, comme s’ils avaient été tous inoculés par une substance anesthésiante, se taisent devant ce qu’on peut sans aucun doute qualifier de conspiration contre la communauté Banyamulenge.

Mukulu Le Patriote

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