La majorité aime les idées courtes disait A. De Coqueville
Depuis Avril 2017 le peuple Banyamulenge des hauts plateaux d’Itombwe (Uvira, Fizi et Mwenga) fait face à une guerre à caractère génocidaire au vrai sens du terme. Une guerre meurtrière qui est tributaire d’un long processus de diabolisation, de marginalisation et d’exclusion des Tutsi en général, un processus qui a largement réussi à mettre en place la machine génocidaire en cours d’exécution durant trois ans durant.
Dès l’accession du pays à l’indépendance jusqu’au déclenchement de ces tueries (Avril 2017) les Banyamulenge et les Tutsis en général ont été discriminés par d’autres congolais des souches Bantous par les différents pouvoirs qui ce sont succédés à la tête du pays.
Cette discrimination trouve ses racines dans le mythe hamite importé dans la région inter lacustre par les écrits coloniaux qui ont servis à inoculer les venins du radicalisme ethnique jusqu’à l’hécatombe des Tutsis en général et Banyamulenge en particulier.
En effet, le concept nilo-hamite ressemble à bien des égards à celui des Bantous. Le mot bantou émane d’un philosophe allemand Wilhelm Heinrich Immanuel Bleek qui, en 1862, après avoir étudié les langues de l’Afrique Australe, parla « bantou language » trouvables dans le tiers méridional de l’Afrique.
Mais auparavant, les chercheurs portugais avaient remarqué la similitude entre les langues de l’Angola et du Congo d’une part, et celles de Mozambique d’autre part. Le terme est purement d’origine linguistique mais il a connu du glissement inattendu vers d’autres disciplines. (1)
Alexandre précise: il n’y a pas de race bantoue d’art bantou ou culture bantoue, il ya seulement des langues bantous.
Bantou est un terme technique, linguistique, inventé par les linguistes pour les besoins de leurs disciplines, qui peut être utilisés accessoirement en anthropologie sociale et pas du tout en anthropologie physique. Il n’y a pas de type bantou ; les langues sont parlées par des dolichocéphales (crâne allongé) et par les brachycéphales (crâne étroit et ovoïde), par les gens de grande taille et les gens de petite taille.
Il ya des agriculteurs des langues bantous, des éleveurs des langues bantous, des chasseurs de langues bantous, dans les plaines comme dans les montagnes, dans les forêts comme dans les savanes steppiques.
Tandis que le concept Ham dont dérive celui de hamite n’est pas d’origine linguistique, il apparait pour la première fois dans la Bible au chapitre neuvième du livre de Genèse ou Moïse, auteur de ce livre parle des fils de Noé, ainsi que la malédiction de Cham.
Le mot apparait aussi dans le Talmud babylonien, où il est rapporté que les indo-européens descendent de Japhet, tandis que les sémites descendent de Sem, et les noirs de Cham. Ce concept doit être récupéré et adopté par les explorateurs, les administrateurs coloniaux, ainsi que les missionnaires.
Les Hamites furent comparés aux seigneurs, supérieurs aux autres noirs et considérés comme intermédiaires entre les blancs et les noirs ordinaires.
Ainsi, la supériorité supposée des populations pastorales Nilotiques (Tutsis) et qui justifie leur domination sur les populations d’agriculteurs bantous, n’a été popularisée que dans le cadre du mythe hamite, importé dans la région inter- lacustre avec les écrits coloniaux pour affermir le principe colonial de : diviser pour mieux régner or divide and rule.
La théorie hamite c’est une construction purement raciste, purement imaginaire qui obscurcissent les politiciens congolais se disant abusivement bantous. Un génocide arrive lorsqu’un mythe sur l’origine veut devenir la seule et dernière réalité.
Le comble de malheur en est qu’on ne change pas la race ou l’ethnie et c’est le danger de l’idéologie ethnique et ou raciale. A partir du moment où un groupe d’individus est étiqueté par des caractéristiques biologiques dites naturelles elles deviennent inchangeables. Or si ces caractéristiques sont considérées négatives, mauvaises puisqu’il n’existe pas les moyens de les améliorer étant inhérente à la nature, la seule solution consiste à s’en débarrasser ainsi le génocide trouve sa place.
Selon l’hypothèse du diffusionnisme les Tutsi en général ou les nilo-hamites si vous voulez, plus particulièrement ceux de la RDC sont considérés comme des étrangers, qui auraient été amené dans la région inter lacustre, par la transhumance en provenance de l’Abyssinie.
A partir de cette théorie maléfique, l’acceptation des Tutsi comme une tribu/ethnie congolaise, engendre beaucoup de diabolisation, de déshumanisation et de dénégation.
Au début du XXe siècle, le mythe hamite était l’une des idéologies la plus en vogue dont les anthropologues et philosophes croyaient que l’espèce humaine était divisée en races, une erreur scientifique aujourd’hui corrigée. (2)
Les races humaines n’existent pas scientifiquement. La théorie de races conduit à qualifier des races supérieures et des races inférieures. Ce qui aurait donné naissance aux dérives idéologiques qui étape par étape, conduisent aux différents génocides du XXe siècle.
Fort malheureusement en dépit de ces recherches et nouvelle dynamique à l’échelle mondiale du rejet de la notion de race, les autorités congolaises demeurent mordicus aux problèmes raciaux et ou ethniques.
DE LA MYTOLOGIE HAMITE A LA PSEUDO THEORIE DE LA BALKANISATION AU DETRIMENT DES TUTSIS
Les congolais en général plus particulièrement les intellectuels sont drogués par les termes et des vocabulaires français. Le français est un critère d’excellence et témoignage irréfutable qu’on est intelligent au Congo. Il y a même peu de tolérance quand on parle le français avec interférence de la langue locale, même si l’on respecte toutes les règles de grammaire. On va jusqu’à douter de la capacité intellectuelle de quelqu’un, rien qu’à cause de son mauvais français.
Je pense que l’unique critère pour être député en RDC consiste à parler avec finesse la langue française. Ceci a été prouvé pendant l’audition du Ministre Azarias Ruberwa dans le parlement en date du 19/10/2020, où le publique congolais et du monde entier était stupéfait par l’arrogance et rhétoriques discours entaché de haine inconsciente contre les Tutsis Banyamulenge.
Certains parlementaires congolais à l’instar de l’honorable Bazabaiba n’avaient ménagé aucune réserve de qualifier les Banyamulenge des étrangers et envahisseurs. Je cite ; Hier, c’était la nationalité, aujourd’hui la terre et demain ça sera l’autonomie, l’indépendance et le droit du peuple, nous ne pouvons pas supporter toujours des revendications ascendantes. Minembwe n’est pas une commune congolaise, c’est une Lesotho ou un Vatican, a-t-elle renchérie ! «Les grands parleurs ne sont pas les grands faiseurs disent les mêmes français». (3)
Comment nos élus du peuple ignorent que le Congo est le premier pays du monde qui recule systématiquement du jour au jour depuis 60 ans de l’indépendance, et que certains députés se contentent de cette situation ? comment est-ce que l’honorable Bazaiba se trouve dans l’euphorie du pouvoir au moment où le congolais croupissent dans la misère indescriptible? Ne serait-il pas indispensable de comparer Eve Bazaiba à un petit enfant qui ne connait pas les problèmes de son pays ? Est-ce que nos députes maitrisent-t-ils le problème réel de Minembwe ? Chassez le naturel, il revient au galop disent les psychologues !
Pendant que l’idéologie du royaume hamitique semble vieilli nul et non avenu, l’élite congolaise à l’instar de Bazaiba s’empressent aveuglement de récupérer le terme de la balkanisation de l’Est de la RDC et vite l’attribuer aux Tutsi pour attiser la haine xénophobe dont ils sont victimes depuis plusieurs décennies. Voilà la dérive idéologique hamitique muée à la Balkanisation que rêve nos honorables pour priver les Tutsis congolais d’origine le droit du sol (jus soli en latin). Puisque sans terre, sans titre foncier l’homme est privé de la vie, de l’intégrité structurelle et fonctionnelle.
Qu’il me soit permis de rappeler que les tueries contre les Tutsi Banyamulenge qui sévissent dans les hauts plateaux d’Itombwe ont été qualifiées de bien des manières : Au début en Avril 2017 s’était le conflit sur le leadership de groupement de Bijombo, une année après la suppression de la commune de Minembwe, tantôt contraint l’hégémonisme Tutsi, tantôt le règlement de compte de la guerre de AFDL qui était dirigé par Muzee Désiré Kabila et ou la guerre de RCD qui était dirigé successivement dirigé par : Wamba dia Wamba, Dr Ilunga Karambo, Lunda Bululu, Olusumba et afin Azarias Ruberwa juste à l’aube de la signature des accords de Sun city, et en fin de compte ces tueries ont pour but de barrer la route à la Balkanisation une cause qui assure l’unanimité de plusieurs congolais et regroupements mai mai différentes tendances.
La mythologie de la Balkanisation de Minembwe remonte du discours de l’ancien Ministre du développement rural qui a eu à galvaniser tout le pays, je cite ; la commune de Minembwe est devenue un extra commune, une commune qui englobe tout les hauts plateaux Uvira Fizi et Mwenga dans Itombwe, c’est un problème qu’on doit traiter avec lucidité dit-il. (4)
La déclaration de Mr Justin Bitakwila avait retenti comme un coup tonnerre sur les quatre coins du pays et avait été pris à la lettre par les intellectuels et la classe politique congolaise. Des gens qui se haïssaient les uns des autres ont été intimement soudés pour une cause commune. « Tuez les Banyamulenge et par défaut envoyez-les chez eux au Rwanda ou en Ethiopie»
Plusieurs discours d’intolérances et de stigmatisations ont été formulés de la part des responsables politiques et religieux à l’instar d’Archevêque de Kinshasa Fridolin Ombongo, l’évêque d’Uvira Mgr Sébastien-Joseph Muyengo Mulombe.
Mais si on peut attribuer la nationalité à qui la demande et la mérite, on ne distribue pas la terre sous n’importe quelle condition », a affirmé Mgr Muyengo. Selon lui, les Banyamulenge n’ont droit à la possession de terre. Bref, les Tutsis doivent vivre du parasitisme commensal car n’ayant droit à la terre en République Démocratique du Congo avait-il martelé le prélat Catholique du Diocèse d’Uvira. (5) Je pense qu’il ne sera pas très excessif de confirmer que nous avons là un évêque dépourvu d’état d’âme.
Malgré ces différentes machinations d’un plan de Balkanisation par les Tutsis Banyamulenge, curieusement quelques mois auparavant, les drapeaux de la république du Kivu, avaient été hissés sur plusieurs coins de la ville de Bukavu mais personne n’ose en parler.
Quelle mesquinerie, quelle intérêt, quelle malhonnêteté de prêter les tueries des Banyamulenge à l’idée de la balkanisation qui constitue par ailleurs un projet qui est le leur ?
Quelle connivence peut-on attribuer aux tueries à caractère génocidaire perpétrés contre les Banyamulenge avec les drapeaux de la République du Kivu hissés dans plusieurs coins de la ville de Bukavu, même au niveau du centre ville ?
Les élites de Bukavu à l’instar d’un certain Bwami Michel et autres……. multiplient des discours et vidéos pour vulgariser au grand jour un plan de balkanisation qui de se trouve déjà à son terme disent-ils. Il est cependant, paradoxale de constater que les Kivutiens se cherchent les Boucs émissaires parmi les Banyamulenge, afin de leur infliger la peine de payer le prix de la Balkanisation du pays pourtant un projet conçu à Bukavu dont les Banyamulenge ignorent complètement la portée et l’existence.
Il est grand temps que les congolais reviennent à des meilleurs sentiments, à la raison, au sens humanitaire et de responsabilités supérieures comme condition sin qua non de la paix.
PS : Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots: Martin Luther King
Par Bigina Mfashingabo
Email : biginangabo@yahoo.fr
Sources :
- MUTAMBO, J. (1997), Les Banyamulenge, Saint Paul, Limette KINSHASA.
- Réflexion sur la problématique des Tutsi en RD Congo : leur son de cloche par : Dr Rwasamazi et Dr Bazil
- Interpellation du Ministre Azarias Ruberwa dans l’affaire dite de Minembwe du 19/10/2020
- Discours de l’ancien Ministre Justin Bitakwila et notable d’Uvira
- L’évêque d’Uvira, Mgr. Sébastien Muyengo interpelle Tshisekedi au sujet de l’érection de Minembwe en commune rurale.
- Vidéo de Mr Bwami Michel