Le dernier discours de SE Monseigneur Jérôme Gapangwa Nteziryayo à l’occasion de la 20ième commémoration du Génocide perpétré contre les Banyamulenge au Burundi a fait couler beaucoup d’encres et de salives, d’une part par des politiciens opportunistes congolais, mais aussi et fort malheureusement par certains Banyamulenge qui se comportent en prédateurs contre les leurs pour se faire les enfants chouchous du régime sanguinaire de Kinshasa.
En effet, les Banyarwanda, à l’instar d’autres ethnonymes désignant des peuples, tels que les Bakongo, les Balamba, ainsi, le nom Banyarwanda désigne aussi les personnes qui parlent Kinyarwanda habitant non seulement le Rwanda, mais aussi, le Burundi, l’Uganda, la Tanzanie aussi bien qu’en RD Congo.
Selon Jean Pierre Chrétien des mots et des ethnies ont une histoire. Ils ont des origines qui évoluent au cours du temps et qui peuvent disparaître ou même changer de significations
Nul n’ignore que depuis plusieurs siècles les Banyamulenge étaient désignés par plusieurs ethnonymes à savoir: les Tutsis d’Itombwe, les Wanyarwanda, les peuples pasteurs selon différents auteurs, mais eux-mêmes se reconnaissaient sous l’appellation des Banyarwanda et/ou Tutsis jusqu’à 1960.
C’est à partir des années 60-70 que ces derniers ont pris le nom de Banyamulenge pour s’affirmer face à un début d’ostracisme qui tendait à les assimiler aux réfugiés Tutsis du Rwanda que la Croix-Rouge avaient placés dans les camps qui étaient à proximité de certains villages du Sud-Kivu.
Chassez le naturel il revient au galop disent les psychologues ; l’ethnonyme en lui-même ne peut résoudre le problème des Banyamulenge, Tutsis du Nord-Kivu ou Banyarwanda, ou même les Hema de l’Ituri parce qu’au moment où un groupe d’individus est étiqueté par des caractéristiques biologiques dites de « naturelles » elles deviennent inchangeables.
Or si ces caractéristiques sont considérées négatives, ou «mauvaises» puisqu’il n’existe pas de moyens de les améliorer, car elles sont inhérentes à la nature, la seule solution consiste à s’en débarrasser, telle est la cause immédiate du Génocide contre ces derniers.(Banyamulenge, Tutsis, Banyarwanda Congolais et les Hemas) sous le sobriquet des Nilotiques.
L’ historien Joseph M. Jondwe nous parle des cas similaires en RDC et dans d’autres régions d’Afrique; nous pouvons donner une longue liste qui ne serait pas aussi exhaustive:
Il s’agit notamment de Bahorohoro du Nord de Katanga, les Bayeke du Sud-Est du Katanga toujours; les Bambusa de la Province Orientale ainsi que les Zulu ou Amazulu de l’Afrique du Sud. L’existence et le destin de ces quatre ethnies sont liés aux personnalités historiques bien connues à savoir: le capitaine Joubert , Le Mwami M’Siri, le Chef Kilo et Shaka.
Au Nord-Kivu, se trouvent plusieurs ethnies dont celle des Banande (Wanande). Il semble que l’actuel nom de l’ethnie Banande soit nouveau. Les habitants actuels des Zones de Beni et Lubero ne s’appelaient pas Banande ou Bayira, à leur arrivé en RDC en Provenance de l’Uganda.
En Uganda, aucun membre de leur ethnie d’origine ne porte pas le nom de Munande, ils s’appellent entre les Bakonjo, les Bahima et les Bayiru. Les Batalinga et les Bambusa appartiennent à une souche ethnique différente de celle de Bakonjo, de Bahima et de Bayiru. Pourtant, ils s’appellent aujourd’hui Banande: J.J. Mutambo, le Banyamulenge page 43.
Une petite anecdote pour illustrer l’intrigue en rapport de la contestation de l’ethnonyme Banyamulenge.
Au moment où Ntayoberwa fut exécuté et mangé à Kalima en Province de Maniema sept personnes échappèrent de justesse audit lynchage. Tous étaient poursuivis, tout simplement parce qu’ils avaient une morphologie pareille à celle de Tutsi.
Ces sept rescapés ont été sauvées grace à l’intervention des autorités administratives qui ont envoyé l’avion pour les protéger et les emmener à Kindu, car toute la population de Kalima était enragée…!
Curieusement, à l’attelage de l’avion à Kindu, quand les autorités administratives voulaient embarquer tous ces rescapés vers Bukavu dans leur province d’origine, le rescapé Kasaïen a dit que lui n’est pas Munyamulenge, mais qu’il était Kasaïen !
Voilà la polémique mystérieuse de la contestation de Banyamulenge qui résulte de leur morphologie, pas de leur ethynonyme ni autre chose que ce soit.
Ultimement, et face à ce courant du négationisme, une chose demeure certaine, les Tutsi Congolais, les Banyamulenge ou même les Banyarwanda Congolais, si vous voulez, ne perdront jamais la citoyenneté congolaise quels que soient la haine, les moyens et les alliances que déploient les soi-disant politiciens congolais et leurs acolytes.
Bigina M. Ndakanirwa Fils Bamara
Le Citoyen du Monde