Dans une interview du19 mai 2021, accordée à un média français, par laquelle le Chef de l’État S.E. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo s’entretenait avec un journaliste sur la question de savoir pourquoi l’état de siège ne s’était-il pas étendu jusqu’au Sud-Kivu. Les conflits au Nord-Kivu et en Ituri, sont des groupes armés qui s’attaquent à la population civile, alors qu’au Sud-Kivu c’est un conflit intercommunautaire. Telle fut la réponse de Chef de l’État au journaliste.
Notre préoccupation résulte de cette qualification d’un conflit intercommunautaire au Sud-Kivu qui, à notre avis semble vraiment inappropriée.
Pour bien appréhender la question, il nous faut monter aux origines. Un projet du déracinement mûrement réfléchi contre les Banyamulenge, passait à sa phase d’exécution par de mutations des militaires issus de cette communauté, à travers les provinces éloignées leur bercail. Bien que la tentative d’assassinat de Mr Kabarure, le Chef de groupement de Bijombo en 2016, soit incident déclencheur, alors qu’il s’agit d’un différend administratif lui opposant aux Bavira.
Pourtant à partir du 7 avril 2017, la suite d’un incendie des villages Banyamulenge voire ceux du dehors de Bijombo, corrobore parfaitement ce plan blâmable. Et dont sa triple exaction sujette sélectivement ce groupe humain à une épuration ethnique sans précédent (La coalition étendue de milices en connivence avec l’armée, l’arbitraire dont sert d’épuration ethnique et La confusion due aux paradoxes autour de l’insécurité). De là, vous comprenez déjà qu’il s’agit plutôt des crimes internationaux contre les Tutsi Banyamulenge, et non le contraire.
1.Coalition étendue de milices en connivence avec l’armée
Le passage ingénieux à une coalition plus étendue que jamais de milices locales Maï maï et Bilozebishambuke, FNL-Palpehutu, entraîne une mutualisation des actes des violences contre les Tutsi Banyamulenge. À l’instant de chasseurs dans leurs satisfactions perverses, ils se plaisent donc, de tuer, violer, incendier et razzier. Bref, de détruire entièrement à leur passage tout ce qui est de l’indésirable Munyalenge.
Alors que la riposte des FARDC aurait pu mettre fin à ces exactions à grande échelle, tout comme leur interposition aurait joué à la dissuasion de ce projet criminel.
Faute de ces deux possibilités plausibles inaugurant le déracinement des congolais Banyamulenge dans Mibunda, Bijombo et Rurambo. Environ 80% d’espace sur lequel était établi cette communauté.
À vol d’oiseau, un espace de trois cents kilomètres à dommage irrémédiable, dont un bilan horrible provisoire en notre possession fait état: environ 400 vies humaines perdues, plus de 500 villages consumés et plus de 450 mille têtes de bovins razziés.
Dans la quasi-imposibilité des Banyamulenge, une grande partie s’est réfugiée à l’étranger et les autres se trouvent dans quatre camps de déplacés internes de Minembwe, Mikenge et bien sûr l’actuel de Bwegera. L’autre de Murambya vient d’être détruit le 29/5/2021, par RED-TABARA et Maï maï dans les mêmes circonstances avec un bilan particulier de 7 morts, 10 personnes grièvement blessées et 25 autres prises d’otages dont nombreux enfants et femmes.
Les FARDC se retrouvant dans les chefs d’une telle lâcheté couronnée des conséquences horribles, seul le conflit intercommunautaire pouvait servir de prétexte d’une apparence rapprochée ou étroite pour justifier à tort, cette non-intervention militaire qui concourt à la fois, à la continuité et à l’achèvement du nettoyage des Banyamulenge dans la contrée.
La 12e brigade de réaction rapide n’ayant pas le monopole d’informations, la situation dans les hauts et moyens plateaux du Sud-Kivu, exprime cependant un déracinement des Tutsi Banyamulenge dont le participant actif numéro un, RED-Tabara, le groupe armé burundais. En conséquence, cette fausse et immature prétentions ou justifications derrière lesquelles se cachent les FARDC depuis quatre ans, définissent clairement et nettement leur connivence dans la perpétration de ces crimes à portée universelle.
Loin d’être complices, certains éléments FARDC se présentent sous une variante de milices.
Point n’est besoin de vous relater présentement les forfaits dont ils se sont rendus coupables. En revanche, je cite à titre illustratif qu’en date du 18 juin 2020, les FARDC ont lancé une attaque contre les Banyamulenge confinés dans le camp déplacés internes de Mikenge sous le nez et la barbe de la MONUSCO. Son bilan faisait état de 2 civils grièvement blessés par balles réelles, dont le nommé Buhunira de 69 ans et Bukuru de 30 ans et, une arrestation et détention arbitraires de 4 civils mineurs.
La plus éloquente diffusion sur les réseaux sociaux du porte-parole du secteur opérationnel sokolaII, le Capitaine Dieudonné Kasereka du 3 juillet 2020, exprime en toute franchise la méchanceté des FARDC à l’endroit des Banyamulenge, “Vous êtes des étrangers et ennemis de notre patrie. Laissez nous nous occuper de nos problèmes congolais.
On avait frappé le groupe armé Maï maï YAKUTUMBA en 2017, il a était très très affaibli. Nous n’avons pas entendu un seul membre de sa communauté babembe monter au créneau pour fustiger l’extermination de Babembe, parce que la loi dit que le problème est individuel.
Pourquoi alors lorsqu’il s’agit de frapper les Twirwaneho, Android et Makanika, certains Banyamulenge crient au scandale et montrent qu’ils sont derrière ces hors la loi. Tout celui qui continue à détenir les armes illégalement sera frappé jusque dans son dernier retranchement” (sic), fin de citation!
Ce comportement antisocial s’exprime clairement dans les dangérosités du Colonel Vipère et Major Moïse qui, en date du 10 septembre 2020, à Monyi dans la Commune Minembwe, ont été surpris en flagrant délit de d’approvisionnement en armes et munitions aux miliciens Maï maï, Bilozebishambuke et RED-Tabara, les destructeurs de Banyamulenge.
Figurez-vous cette armée qui utilise son premier dissident, Mr Amuli Yakutumba, pour combattre le second le Colonel Michel Makanika, qui s’est imposé la tâche noble de lutter contre l’expulsion de sa communauté. Ahurissant! l’on prétendrait que c’est de la folie, mais il s’agissait plutôt d’une haine viscérale au conducteur d’extrémistes bantous de l’armée.
Comment jugez-vous cet agissement des FARDC et son dissident numéro un? Quelle serait l’approche, la meilleure, devant cette équation qui est l’un des vécus récents au trouble de la contrée ? Au Chef d’état-major et à S.E. le Ministre de la défense de réagir. Cette réalité incroyablement singulière à l’armée congolaise, est logée à la même enseigne! Ce fait, fait donc partie de coalition et complicité en même temps, contre les Banyamulenge.
- L’arbitraire dont sert d’épuration ethnique
Alors que la Constitution de la République Démocratique du Congo du 9 Mars 2006, consacre des libertés à tous les congolais aux termes de l’article 17, ses alinéas 1er et 2, disposent que, “La liberté individuelle est garantie. Elle est la règle, la détention l’exception.”
“Nul ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ou condamné qu’en vertu de la loi et dans les formes qu’elle prescrit”. Renchérit par l’article 18 de la même constitution qui définit de manière plus détaillée les droits reconnus à toute personne faisant l’objet d’une éventuelle poursuite, je cite: “Toute personne arrêtée doit être immédiatement informée des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle et ce, dans la langue qu’elle comprend”.
“Elle doit être immédiatement informée de ses droits”. “La personne gardée à vue a le droit d’entrer immédiatement en contact avec sa famille ou avec son conseil”.
“La garde à vue ne peut excéder quarante huit heures. À l’expiration de ce délai, la personne gardée à vue doit être relâchée ou mise à disposition de l’autorité judiciaire compétente”.
“Tout détenu doit bénéficier d’un traitement qui préserve sa vie, sa santé physique et mentale ainsi que sa dignité”. En violations de ces prescrits de la Constitution et ceux de Conventions des Droits de l’Homme auxquelles la RDC a souscrit. Bien entendu, violation grave des dispositions du Décret du 6 août 1959, portant Code de procédure pénale congolais.
Les militaires de la 12e Brigade de réaction rapide, sous le commandement de Général Dieudonné Muhima, procèdent à l’arbitraire contre une tranche d’âges toujours dans le cas des Banyamulenge et ce, pendant ces temps d’insécurité ayant cette communauté pour cible. Sans motif autre qu’ils soient nés Tutsi, plus de 60 jeunes Banyamulenge sont victimes d’arrestations, détentions et transferts arbitraires à Kinshasa et ailleurs, à plus de deux mille kilomètres de leurs villages dans les hauts et moyens plateaux du Sud-Kivu, dans des endroits douteux qui nous laissent penser tous les pires.
De plus, les personnes en détention illégale ainsi que leurs familles ne sont pas informées des motifs pour lesquels ils passent bien de nuits de galère dans des cachots où elles sont soumises au traitement inhumain, cruel et dégradant.
Figurez-vous le cas d’un militaire qui arrête sans mandat d’arrêt un jeune civil pour avoir accepté son offre de vente d’outil à des fins militaires, puis justifie et fait valider le mobile de cette arrestation devant son chef hiérarchique au sein du même contigent.
Au delà de toute imagination, ce collègue et complice du complot se fait passer pour un juge devant statuer sur le sort du pauvre inculpé. Ainsi le transfert à Kinshasa de Mr Munyalenge en provenance des hauts plateaux est décidé sans que la personne faisant l’objet de telle apparence de poursuite ne soit auditionnée par la police judiciaire, sans que son cas ne fasse l’objet d’instruction par le ministère public et de surcroît, sans que l’auditeur militaire du coin ne se saisisse du dossier.
Elle se voit transférée dans des conditions vraiment inhumaines. Comment l’appartenance ethnique et son altérité s’érigent-elles à des quelconques faits infractionnels contre leurs communautés, comme il s’observe aujourd’hui dans le cas des Banyamulenge? Qui est ce juge ou tribunal compétent de Kinshasa pour connaître l’affaire en premier ressort ?
Nous dénonçons énergiquement ces violations graves des droits humains dans les chefs du gouvernement congolais. Car, cet agissement sert d’une arme la plus efficace et dangereuse à l’épuration ethnique de peuple concerné, les Banyamulenge.
- La confusion due aux paradoxes autour de l’insécurité?
Ce qui nous intéresse plus c’est la confusion due aux paradoxes qui règnent autour de cette insécurité, et qui d’ailleurs, ont fortement joué à sa persistance et à la participation criminelle des FARDC à ces exactions d’une portée universelle.
En effet, le contentieux Maï maï et Banyamulenge remonte à la rébellion de 1964 qui regroupa les communautés voisines Babembe, Bafuliru, Banyindu et Bavira sous cette conjoncture contre les Banyamulenge.
Les seuls qui combattaient au côté de l’État jusqu’à la succombance de cette rébellion sous laquelle ses adeptes se sont érigés en ennemis éternels des Banyamulenge, par ce mobile de ressentiment. À telle enseigne que, dans la province du Sud-Kivu il y a bien d’autres communautés qui tissent de relations de bon voisinage avec les Banyamulenge. Bien entendu qu’avant cet événement de la rébellion toutes les communautés vivaient dans une parfaite harmonie.
La seconde réalité, pire, est corollaire de ce mauvais antécédent dans la reprise des erreurs du passé par laquelle la nouvelle catégorie de populistes profite de cette insécurité pour s’ériger en hommage politique.
Faire la haine inouïe contre les Banyamulenge est pour eux non seulement essor de leur émergence à la sphère politique congolaise mais également le seul plan de s’y maintenir en proférant cette haine anti-tutsi à l’instar des propos du 30 novembre 2019, du député Homer Bulakali à Baraka, appelant aux massacres des Banyamulenge au grand jour, au vu et au su des forces de l’ordre. Et jusqu’ici, aucune mesure punitive ne lui a été infligée. Quel État de droit dont on chante jour et nuit!
La troisième de choses, il se révèle au sein de l’extrémisme anti-tutsi une contre vérité austère, selon laquelle les Banyamulenge ne pourraient que servir pour l’intérêt de l’étranger, en ce sens qu’on les taxe faussement de meneurs de la balkanisation pour le compte ultime dudit pays pourtant à plus de 80% hutu.
À l’amalgame des préjugés politiques et de la haine contre les Banyamulenge, toutes les milices à la tête les Maï maï, se sont vues attirées une quasi-totalité de la compassion dans le mérite soutien des autorités publiques par l’acharnement des députés provinciaux du Sud-Kivu d’après le 16 juillet 2020, en faveur des Maï maï et RED-Tabara basés à Kipupu.
Car, de simples cris fallacieux de Bitakwila Justin, Muhindo Nzangi et Éva Bazaiba… contre les Banyamulenge, se sont rapidement et aisément fait entendre avec des suites fâcheuses. C’est ainsi que l’annulation de l’installation du Bourgmestre de la Commune Minembwe et la suppression du Ministère de la décentralisation, ont été de mesures corollaires hâtives et pénibles infligées simultanément et injustement aux Banyamulenge.
Néanmoins, l’histoire de la rébellion susdite dans tous ses paramètres prouve à suffisance que les Banyamulenge ont vaillamment servi sous le drapeau de la nation RD Congolaise, avec dévouement dans des évènements ultérieurs du genre. Dans la logique toujours de vérité contre mensonges partisans, d’étranges drapeaux en signes précurseurs de la balkanisation se font hisser à Lubumbashi et à Bukavu, très loin des hauts plateaux le berceau de Banyamulenge.
Curieusement, ces crimes sont qualifiés aussi de différends fonciers ayant des liens avec la destruction de champs par des vaches en transhumance. Cet enjeu foncier n’est qu’un nouveau mécanisme de défense ou un prétexte qui consiste dans la justification de la prise des armes contre les Banyamulenge.
Car l’on ne peut signaler nulle part, une limite foncière connue qui serait peut-être dépassée par ce peuple au détriment de leurs voisins Babembe, Bafuliru, Banyindu et Bavira, et que de cette suite, aurait déclenchée ce conflit armé, à part les dires fallacieux qui nourrissent de cette façon, leur justification dans la honte d’avouer la haine viscérale comme leur vraie cause d’entrer ou de mener une guerre sans objectif, sinon la destruction de l’humanité. En sus, il se peut arriver que les vaches détruisent des champs, et a cependant été toujours réglé à l’amiable ou devant les instances habilitées, toutes les fois qu’un cas pareil surgi. Pas plus claire que ça.
Il serait mieux pourtant pour le Chef de l’État, de s’informer de la véracité de fait, bien avant de confirmer cette fausse thèse liée à l’enjeu foncier et la destruction des champs par des vaches aient été à l’origine d’un conflit armé, dans lequel s’y trouve des groupes armés étrangers, qui seraient alors dans ce sens, sans scrupule mais aussi beaucoup ridicule intervenus pour cette matière!
La preuve en est que, depuis des siècles les Banyamulenge partagent avec leurs voisins les mêmes localités avec des villages à proximité, champs, les mêmes chefs et, au contemporain les mêmes églises, écoles, marchés etc… Comment pourrait-on m’expliquer que tel fut la cause de cinq attaques ciblées dont une des FARDC lancées contre le camp des déplacés internes de Mikenge, l’année dernière 2020? Loin de là ce genre de mensonge qui ne tient pas debout ! Il s’agit au contraire d’un génocide contre les Tutsi Banyamulenge.
En guise de conclusion, depuis plus de quatre ans le peuple Banyamulenge fait l’objet d’un génocide en perpétration par des groupes armés locaux Maï maï et Bilozebishambuke coalisés avec les rebelles burundais de RED-Tabara, FOREBU et FNL-Palpehutu, avec une participation criminelle active de l’armée congolaise FARDC, pour cette fin.
Pendant la perpétration de ces crimes qui heurtent la conscience humaine, les faits sont en quelque sorte des rôles devant jouer chaque responsable. Il y a des groupes armés précités qui participent activement et régulièrement à ces attaques sélectives, souvent avec des soutiens militaires au déracinement de la cible Munyalenge.
Mais l’arbitraire dont sert d’épuration ethnique et les paradoxes qui font régner la persistance et la confusion autour de cette insécurité sanglante est l’œuvre de l’autorité politique et militaire congolaise comme nous l’avons vu au travers des agissements de la 12e brigade de réaction rapide commandée par le Général Dieudonné Muhima, l’un des relais hiérarchiquement inférieurs de ce gouvernement, ainsi que d’autres personnages importants.
Nous demandons au Gouvernement congolais de libérer sans délai et sans conditions tous ces Banyamulenge détenus arbitrairement.
Nous demandons à l’organisation des Nations Unies par son organe de Conseil de Sécurité de mener une enquête exhaustive indépendante pour le cas des crimes en cours contre les Tutsi Banyamulenge.
Migabo R. Isaac, Juriste & Consultant