La Communauté Banyamulenge invite les autorités nationales à restaurer et imposer l’autorité de l’Etat en mettant fin à l’insécurité généralisée et en protégeant toutes les populations et leurs biens, sans distinction, dans les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira.
Elle insiste sur la nécessité de mettre hors d’état de nuire tous les groupes armés étrangers et leurs alliés locaux et de sécuriser nos frontières afin de contrecarrer toutes incursions armées, d’où qu’elles viennent, sur le territoire national plusieurs fois dénoncées par les médias et les témoins sur terrain. Puis, enfin, elle en appelle à des poursuites en justice contre les auteurs des crimes et de propagation des messages de haine ethnique.
A Kinshasa, une messe de suffrage a été organisée en hommage aux victimes de la dernière série de massacres survenus dans les Hauts Plateaux. Cadre choisi : la grande salle de l’immeuble ‘’la Reine de la Paix’’, situé le long de l’avenue des Huileries, dans sa jointure avec l’avenue Colonel Ebeya, juste en face l’INRB. Alexis Gisaro, dévoilant le contenu du mot de circonstance préparé à l’occasion de la levée du deuil de Mme Nyandorimana Nyabaharira Sophia, elle-même aussi tuée en bloc avec d’autres fils et filles de cette partie du territoire national, a rappelé que la date du 16 mars 2021 devrait, désormais, être marquée au fer rouge dans la mémoire de la communauté Banyamulenge.
Ç’aura été, selon lui, le ‘’jour funeste au cours duquel des êtres humains de la même nature que vous et moi, ont connu une fin aussi tragique que brutale, parmi lesquels notre maman, notre sœur Madame ; Nyandorimana Nyabaharira Sophia. Permettez-nous de nous étendre sur le cas particulier de notre regretté maman, car il est révélateur de la barbarie et de la cruauté des groupes armés qui sévissent dans les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira, semant mort, terreur et désolation sur leur passage.
Au courant de ce mois de mars, alors que le monde entier met l’accent sur la promotion des droits de la Femme dans la société, notre regretté maman a été privée, du droit le plus élémentaire de tout être humain, celui d’avoir une sépulture digne de ce nom, car, ses agresseurs l’ont brulée vive, jusqu’à ce que mort s’en suive, et que même ses restes soient introuvables, pendant plusieurs jours, parce que calcinée sous les décombres de ce qui fut sa demeure’’.
Voilà pourquoi, la Communauté Banyamulenge qui interpelle les autorités nationales, en commençant, évidemment, par le Chef de l’Etat, Garant de la paix et de la stabilité institutionnelle, dénonce et condamne avec la plus grande énergie ce plan macabre frisant l’épuration ethnique et le déracinement. Tout comme elle dénonce également toutes les violences, les tueries, les atrocités que subissent nos communautés du Sud-Kivu en cause de la présence des forces négatives aussi bien étrangères que locales.
Mot de circonstance de la communauté Banyamulenge de Kinshasa à l’occasion de la levée de deuil de Maman Sophia Nyandorimana Nyabaharira
(Lu par Alexis Gisaro)
Honorables Députés et Sénateurs,
Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement, Monsieur le Gouverneur,
Distingués invités, en vos titres et qualités,
Chers Frères et sœurs,
La date du 16 mars 2021, restera marquée au fer rouge dans la mémoire de la communauté Banyamulenge.
Ce jour funeste, au cours duquel, des êtres humains de la même nature que vous et moi, ont connu une fin aussi tragique que brutale, parmi lesquels notre maman, notre sœur Madame ; Nyandorimana Nyabaharira Sophia.
Permettez-nous de nous étendre sur le cas particulier de notre regretté maman, car il est révélateur de la barbarie et de la cruauté des groupes armés qui sévissent dans les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira, semant mort, terreur et désolation sur leur passage.
Au courant de ce mois de mars, alors que le monde entier met l’accent sur la promotion des droits de la Femme dans la société, notre regretté maman a été privée, du droit le plus élémentaire de tout être humain, celui d’avoir une sépulture digne de ce nom, car, ses agresseurs l’ont brulée vive, jusqu’à ce que mort s’en suive, et que même ses restes soient introuvables, pendant plusieurs jours, parce que calcinée sous les décombres de ce qui fut sa demeure.
Dans nos traditions africaines, mourir dans la vieillesse donne lieu à des réjouissances, plutôt qu’à un deuil, car vous êtes rassasiés de jours, ce qui constitue une raison de bénir l’Eternel de vous avoir gardé en vie si longtemps. De surcroit, pour nous chrétiens, nous croyons en cette parole de la bible, la lettre de Paul aux Philippiens 1 :21 qui dit « car Christ est ma vie, et la mort m’est un gain ».
Alors, pourquoi cet après-midi, cette mort qui pourtant est un gain se transforme en deuil, en une blessure que même le temps aura du mal à cicatriser ?
C’est à cause de son caractère :
primo, haineux : par son mode opératoire qui vous a été décrit par Monsieur Mukiza Charles, fils cadet de la victime secundo, lâche : par l’impuissance de la victime, une vielle maman incapable de se défendre, compte tenu de son âge.
2 • Tertio, raciste ou discriminatoire : par le choix de la victime basé sur son appartenance ethnique rappelant l’époque sombre de la shoah, le génocide des juifs ;
Quarto, atroce : par le supplice imposé à la victime.
Honorables Députés et Sénateurs,
Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Monsieur le Gouverneur,
Distingués invités, Chers frères et sœurs,
L’on peut se poser la question de savoir quel crime avait-elle commis pour mériter une telle fin ? Est-ce pour sa foi ? Est-ce pour son argent ? Est-ce pour son statut social ? A toutes ces questions, la réponse est “non“ le seul crime qu’elle a commis c’est d’être “Munyamulenge“. Le seul péché qui lui a coûté ce sort tragique c’est la manière dont Dieu l’a créé, “le délit du faciès“ que nous, Banyamulenge, vivons souvent dans notre chair.
C’est ici l’occasion pour la communauté de dire que cette attaque du 16 mars n’est pas un acte isolé mais participe à un plan machiavélique d’épuration ethnique et de déracinement des Banyamulenges du sol de leurs ancêtres.
Pour rappel, depuis 2017, loin des regards, loin des caméras, une guerre silencieuse, sévit dans cette partie de notre pays, la RDC. Une coalition des groupes armés étrangers (Red Tabara, FNL, Forebu) alliés à des groupes armés locaux dont les maï-maï (Yakutumba, Ilunga, Biloze Bishamuke, Ebuela, René…cette 3 liste n’est pas exhaustive) s’est fixé l’objectif de la mise en exécution de ce plan machiavélique ci-haut évoqué.
Notre communauté continue à payer un lourd tribut à la suite de ce déferlement de haine, d’intolérance et de cruauté.
A titre d’illustration :
Plus de 200 vies d’hommes, de femmes et d’enfants ont été arrachés à l’affection de leurs familles ;
16 cas de viols et violences basées sur le genre et 10 enlèvements ;
Des réfugiés éparpillés dans les pays voisins tels que le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie;
Plus de 300 villages entiers rayés de la carte de la RDC avec plus de 25.000 maisons démolies ;
Des infrastructures sociales totalement détruites qui s’évaluent à plus de 150 écoles et 48 structures sanitaires ;
Plus de 300.000 vaches et de milliers de petits bétails razziés et vendus, dans les marchés publics au vu et au su des autorités politico administratives, sans la moindre réaction.
Honorables Députés et Sénateurs
Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement, Monsieur le Gouverneur,
Distingués invités, Chers frères et sœurs,
Nous dénonçons et condamnons avec la plus grande énergie :
Ce plan macabre qui nous accable d’épuration ethnique et déracinement
Toutes les violences, les tueries, les atrocités que subissent nos communautés du Sud-Kivu
La présence de forces négatives étrangères et locales.
En guise de conclusion, face à ce tableau sombre que nous venons de décrire, la communauté Banyamulenge lance, une fois de plus, un cri d’alarme vers les autorités du pays et demande:
De restaurer et imposer l’autorité de l’Etat en mettant fin à l’insécurité généralisée et en protégeant toutes les populations et leurs biens, sans distinction dans les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira ;
De mettre hors d’état de nuire tous les groupes armés étrangers et leurs alliés locaux.
De sécuriser nos frontières afin de contrecarrer toutes incursions armées, d’où qu’elles viennent, sur le territoire national plusieurs fois dénoncées par les medias et les témoins sur terrain ;
De Poursuivre en justice les auteurs des crimes et de propagation des messages de haine ethnique.
Honorables Députés et Sénateurs,
Excellences, Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement, Monsieur le Gouverneur,
Distingués invités,
Chers frères et Sœurs,
Que vive le souvenir de Maman Sophie et paix à son âme !
Que vive la cohabitation pacifique entre toutes les communautés du Sud-Kivu !
Que vive la RDC réconciliée et pacifiée !
Je vous remercie.
Alexis Gisaro