«La haine et l’intolérance prospèrent dans l’ignorance, la stupidité et le faux nationalisme ». Par :Albert–Ena Canon
En cette période où l’opinion congolaise est quasiment prise en otage, malgré elle, par le matraquage hystérique des déclarations haineuses et scandaleuses, à l’encontre de la communauté tutsi congolaise et Hemas, émanant de politiciens démagogues, d’enseignants perdus, d’agitateurs ultra-ethnismes , et d’experts improvisés, il nous paraît impératif d’écrire et réécrire pour dénoncer ces discours qui conduisent tout droit le pays en enfer.(1).
Bien que nous vivions dans un État qui s’appelle République Démocratique du Congo; mais l’anecdote est que cette même démocratie se distingue par une gouvernance sans loi. Les discours de haine contre les Tutsis se font en toute impunité, actuellement les discours de haine prennent des dimensions très inquiétantes.
Les politiciers se permettent d’accuser jour après jour, de tous les malheurs du pays, la seule ethnie appelée Tutsi, et ils ne se préoccupent que de les bouter en dehors du territoire national, tel est devenu le projet de la société.
Nous tenons à préciser que le présent article ne cherche ni à justifier, ni à plaider pour la cause de la citoyenneté congolaise des tutsis de la RDC, car ils la détiennent de manière irréversible et irrevocable, au même titre que toute autre ethnie depuis que ce pays a accédé à l’indépendance, mais l’article vise plutôt fondamentalement à expliquer la manière dont la RDC en est arrivée à blanchir le crime de propagation de la haine ethnique dans les débats politiques.
De prime abord, nous commençons par définir quelques concepts que ces extrémistes mettent en avant pour exclure les uns et distraire les autres.
1.Les Tutsis: Historiquement, les Tutsis ou Tutsi sont un groupe des populations habitant la région des grands Lacs africains, ils ont été souvent appelés Watutsi ou Watusi, nilotiques, peuples pasteurs, les Tutsis forment un sous-groupe des Banyarwanda et de Barundi, qui résident principalement au Rwanda et au Burundi, mais d’importantes populations se trouvent, en République démocratique du Congo dont leurs antériorités séculaires dans ce pays date depuis la nuit du temps.
C’est durant la période coloniale que les colons européens et l’Église catholique avaient créé de toutes pièces des ethnies dites Tutsi, Hutu, Twa et Bantou par ailleurs qui n’existaient pas ou qui avaient d’autres connotations sur le plan social ou socio-économique.
Il convient de signaler que depuis l’arrivée des européens dans ce continent, l’Afrique a vécu plusieurs facettes destructrices et prédatrices de son histoire. De l’esclavagisme à l’indépendance, en passant par le colonialisme et le néocolonialisme. L’ Afrique a subi près de 400ans de l’esclavagisme, 100 ans de colonialisme et maintenant plus de 63 ans de néocolonialisme. (Internet)
2.Les Bantous : l’histoire des Bantous ressemble à bien des égards à celui des Tutsis ou hamites. Le mot émane d’un philosophe allemand Wilhelm Heinrich Emmanuel Bleek qui, en 1862, après avoir étudié les langues de l’Afrique australe parlant des « Bantous languages » trouvables dans le tiers méridional de l’Afrique.
Mais auparavant, les chercheurs portugais avaient remarqué la similitude entre les langues de l’Angola et du Congo d’une part, et celles du Mozambique d’autre part.
Alexandre précise : il n’y a pas de race bantoue ou d’art bantou …..Il y a seulement des langues bantoues, comme il y a des langues sémitiques ou des langues indo-européennes. Bantou est un terme technique linguistique, inventé par les linguistes pour les besoins de leur discipline qui ne, peut être, utilisé qu’accessoirement en anthropologie sociale et pas du tout en anthropologie physique.
Il n’y a pas de type Bantou: les langues bantoues sont parlées par des dolichocéphales et par brachycéphales, par les gens de très grande taille et par les gens de petite taille. Il y a des agriculteurs des langues bantoues, éleveurs et chasseurs des langues bantoues. (2)
3.Le groupe ethnique: D’après Devos,R et Romanucci,R. (1975 : 9) un groupe ethnique est un ensemble des personnes qui, dans une société donnée, se considèrent comme un groupe particulier et ont en commun une série de traditions, tels les folklores, les croyances et pratiques religieuses, la langue, la conscience d’une continuité historique, l’ascendance ou l’origine commune, distinctes de celles des autres personnes avec lesquelles elles sont en interaction. (3)
4.La haine: En psychanalyse la haine est une force délibérément déstructurante et déshumanisante. À ce titre, il est possible de définir la haine comme la négation radicale d’une personne ou groupe des personnes.
Elle correspond à l’intention de détruire l’autre, en l’attaquant dans son être et son humanité. Un prétexte fréquent souvent donné à la haine est d’accuser la partie adverse d’en être elle-même animée de la haine. Par exemple, un Tutsi est un criminel né renchérit-il ministre honoraire Bitakwira sur la télévision Bosolo na politik.
5.Discours de haine : Un discours de haine ou hate speech en Anglais, désigne un type de discours ou de système qui au-delà de la violence ou de l’injure ponctuelle en forme de force et nature, attaque une personne ou un groupe des personnes sur base de caractéristiques diverses (couleur de la peau, ethnie, religion…..).
L’histoire a démontré que les discours des haines peuvent conduire à des suicides, guerres, crimes de masses et aux génocides comme celui perpétré contre les Tutsis au Rwanda, le génocide commis contre les juifs…..(Internet )
6.Hamite: Le concept Ham dont dérive celui de hamite n’est pas d’origine linguistique, il apparaît pour la première fois dans la Bible au chapitre neuvième du livre de Genèse où Moïse, auteur de ce livre parle des fils de Noé, ainsi que la malédiction de Cham.
Le mot apparaît aussi dans le Talmud babylonien, où il est rapporté que les indo-européens descendent de Japhet, tandis que les sémites descendent de Sem, et les noirs de Cham. Ce concept doit être récupéré et adopté par les explorateurs, les administrateurs coloniaux, ainsi que les missionnaires. La théorie hamite c’est une construction purement raciste, purement imaginaire qui obscurcissent les politiciens congolais se disant abusivement Bantous. (4)
En effet, la haine contre les Tutsis est certainement un problème le plus douloureux et le plus complexe, auquel le Congo a été confronté en 63 ans d’indépendance. Il s’agit du problème central qui explique les péripéties et aventures qui ont heurté les dirigeants congolais depuis l’accession du pays à l’indépendance.
Le problème de la nationalité en RDC concerne seulement les Tutsis dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, parmi les 9 frontières que partagent le Congo avec les pays voisins d’où l’on rencontre les mêmes ethnies, les mêmes tribus qui se retrouvent départ et d’autre de chacune de ces 9 frontières.
Le comble en est qu’on ne change pas «l’ethnie ou la race» et c’est le danger de l’idéologie et haine ethnique contre les Tutsis et Hemas que l’État congolais considère comme son cheval de bataille.
A partir du moment où un groupe d’individus est étiqueté par des caractéristiques biologiques dites « naturelles » elles deviennent inchangeables. Or si ces caractéristiques sont considérées négatives, «mauvaises», puisqu’il n’existe pas de moyens de les améliorer étant inhérente à la nature, la seule solution consiste à s’en débarrasser, d’où le génocide trouve sa place.
En RDC pour prouver son civisme, pour briguer un poste important, il faut se distinguer en matière de proférer les discours de haine contre les Tutsis et tout ce qui s’apparente au Rwanda.
Une figure de proue qui excelle dans les discours anti-tutsis, c’est le Monsieur J. Bitakwira ancien Ministre congolais et président du parti politique ARDCN dit encore notable du Sud-Kivu. Si l’imaginaire collectif anti- tutsis s’est amplifié en RDC et bien, c’est l’œuvre et contribution active de l’honorable Justin Bitakwila durant 7ans sans relâche.
Que dire de Martin Fayulu le soi-disant président élu qui a toujours renié catégoriquement la nationalité congolaise aux Tutsis dans plusieurs de ses discours, quant à Valantin Mubake qui qualifie les Tutsis à des cellules cancéreuses, Fridolin Ombongo et Muyango tous deux prélats catholiques célèbrent dans les messages de haine contre les Tutsis. Que dire du parlement congolais, la liste des discoureurs des haines contre les Tutsi n’est peut être pas exhaustive…!
Voilà pourquoi nous avions à la légitimation de la haine ethnique en RDC; puisque la justice congolaise ne s’en inquiète pas.
L’attitude et comportement des dirigeants face à la haine ethnique nous prouvent qu’ils restent indifférents! Nous qui avons un cursus universitaire autres que le droit, nous nous posons souvent mille et une questions ; est- ce que la législation congolaise prévoit-elle des lois contre le crime des discours de haine?
Pourquoi ces genres des discours sont- ils acceptables même au niveau du parlement national qualifié de siège ou base de la démocratie? Pourquoi Honorable Mboso président du parlement se permet-il de tacler un parlementaire Rwandophone en pleine session parlementaire ?
Hélas ! même si Honorable Mboso a un pouvoir excessif au point de proférer de n’importe quoi à l’égard d’un député qu’il estime indésirable à ses yeux, mais il ne serait pas normal de porter atteinte à une institution aussi importante qu’ils ont affaire à un membre étranger…!
Les derniers propos de Justin Bitakwira à la chaîne de télévision BOSOLO NA POLITIK contre la communauté Tutsie Banyamulenge du Sud-Kivu ont choqué le monde entier, sauf bien sûr aux autorités Congolaises car n’eut été l’intervention personnelle J. Marc Montagnier ambassadeur de l’union européenne en RDC, ces propos auraient pu passer inaperçu.
Convoqué au parquet près de la cour de cassation jeudi le 20 juillet pour le même dossier, le ministre honoraire est retourné chez-lui serein et satisfait. Ne se reprochant de rien, le soi-disant notable du Sud-Kivu a d’ailleurs révélé à la presse qu’il a dit aux magistrats instructeurs qu’il ne saurait répondre à leurs différentes questions s’ils n’ont pas encore lu le livre : Holocauste au Congo de Charles Onana.
Heureusement ” j’ai été compris” dit-il, alors il est question de leur donner peut-être une ou deux semaines qu’ils terminent de lire le livre que je n’ai fait que paraphraser le long de mon émission, a-t-il ajouté!
Néanmoins Bitakwira a prévenu que la RDC risque de revenir dans la période de la colonisation sans le savoir. Parce que quand on voit un ambassadeur, de surcroît, qui n’a qu’un ministre des affaires étrangères comme accréditeur, commencer à donner les injonctions aux membres du gouvernement ça c’est un danger public….!
Voilà un genre de politicien qui se targue même sur les places publiques d’être ami personnel du président de la République.
Dans un entretien avec le journaliste congolais Israël Mutombo de la télévision « Busolo na politik » Mr J. Bitakwira avait sérieusement diffusé les messages d’incitation à la haine ethnique contre la population autochtone Tutsie, c’est ainsi que Jean Marc châtaigner a dans une correspondance adressée à la Ministre d’Etat, Ministre de la justice, exprimant son indignation face au comportement de Mr Bitakwira dit notable de Sud-Kivu.
Le propos du Ministre honoraire Bitakwira stipule sans ambages que «un tutsi est un criminel né », il ajoute d’ailleurs qu’il s’est toujours posé la question de savoir « si leur créateur n’est pas celui qui aurait crée le diable », je n’ai jamais vu une race aussi méchante, avait-il souligné, ce leader d’ ARDCN et autant d’autres paroles déshumanisantes en l’encontre des Tutsis Banyamulenge. (4)
Mr Bitakwira corrobore le mythe de l’empire Hima qui avait été récupéré et adopté par les explorateurs, les administrateurs coloniaux, ainsi que les missionnaires. La théorie hamite est une construction purement raciste, purement imaginaire qui obscurcit les politiciens congolais se disant abusivement Bantous.
Une théorie qu’il attribue à Charles Onana qu’il considère comme son père scientifique; car à chacune de ses émissions, dans ses conférences de presse et ses slogans, il ne peut se dépasser des écrits racistes de Charles Onana, négationniste avéré du génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda…!
Dans la même émission à la télévision BUSOLO NA POLITIK Bitakwira, demande au journaliste politique «Connaissez-vous bien l’Afrique de l’ouest ? Savez-vous que la majorité des présidents Ouest-africains, tous, en majorité sont peuls ? Les peuls sont les Tutsi d’Afrique de l’Ouest confirme-t-il ».
Le journaliste politique n’avait pas réagi. Encore moins toute la crème intellectuelle présente aussi bien à la tribune que dans le public. En fait, tout le monde a cru à ces mascarades, soit par l’ignorance notoire, soit par paresse instinctuelle. Ils ont ainsi rajouté un peu de leur peur de ces dangereux qui dominent toute l’Afrique de l’ouest, et veulent nous dominer aussi chez-nous en Afrique centrale. (5)
A l’heure même où nous sommes entrain de mettre un point final à cet article, soudain dans ce pays où rien n’est vraiment de dur; il y a déjà une lettre datée du 24 juillet 2023, dont la teneur est adressée a l’ambassadeur de l’UE accrédité à Kinshasa, Rose Mutombo ne va pas parle dos de la cuillère pour recadrer le diplomate européen qui, affirme-t-elle, s’arroge au fin défenseur de la communauté tutsie, avec des propos désobligeants et aux allures d’indulgences.
« Après lecture, je suis choquée de constater que vous vous exprimez en défenseur de la communauté Tutsi/Banyamulenge qui serait victime des discours des haines,» s’indigne la ministre de la justice.
Mutondo appelle J. Marc Châtaigner au devoir de réserve et à se soumettre qu’au ministère des affaires étrangères. Et voilà que les propos de la Ministre de justice rencontrent bel et bien les attentes de Mr J. Bitakwira du 20 juillet au sortir de l’audition au parquet général près de la cour de cassation, elle a parlé d’une forme de colonisation de la part de l’union européenne. (6)
Selon la conseillère spéciale du secrétaire général des Nations-Unies pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu a appelé, les autorités congolaises à bannir les discours de haine en vue de prévenir le génocide.
En son séjour à Kinshasa, Alice Wairimu Nderitu a indiqué dans une interview exclusive à la Radio Okapi, que le génocide qui est l’extermination d’un peuple due à diverses raisons est souvent précédé des discours de haine.
Elle avait expliqué qu’il n’a jamais existé, pas un génocide dans le monde, ni l’holocauste, ni le génocide commis contre les Tutsis au Rwanda, ni le génocide de Srebrenica de 1995 en Bosnie- Herzégovine, qui n’ait été précédé, accompagné et suivi des discours de haine.(7)
Par : B.N BAMARA FILS
Le citoyen du monde
Sources :
1.DR RWASAMANZI GASTON ( 28 Avril 2020) , Les causes lointaines et récentes de la problématique de la citoyenneté des Rwandophones congolais en RDC
2.MUTAMBO, J. (1997), Les Banyamulenge, Saint Paul, Limette KINSHASA.
3.MUTAMBO, J. (1997), Les Banyamulenge, Saint Paul, Limette KINSHASA.
4.J. BITAKWILA Discours de haine contre les Tutsis à la télévision BOSOLO NA POLITIK
5.Mbuyi Belhar (media-social)_
6.Lettre de la ministre de Justice en RDC à Monsieur l’ambassadeur de l’union européenne du 24/7/2023
7.Interview exclusive de la conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU en novembre 2022.
