L’orthopoxvirose simienne est principalement présente dans les zones rurales boisées d’Afrique centrale et occidentale. Depuis l’arrêt de la vaccination antivariolique, l’incidence croissante des cas et des flambées épidémiques signalés suscite des inquiétudes quant à la propagation future de la maladie.
Malgré des risques plus élevés dans les zones endémiques, l’orthopoxvirose simienne reste peu reconnue et sous-déclarée. Une prise en charge optimale des cas est essentielle pour améliorer l’évolution clinique de l’orthopoxvirose simienne et éviter les complications les plus graves pour les personnes touchées.
Pourquoi la propagation de la variole du singe dans le monde surprend
Près d’une centaine de cas de variole du singe dans douze pays hors des foyers traditionnels de la maladie ont été confirmés, samedi, par l’Organisation mondiale de la Santé. Les autorités et les scientifiques rappellent que le risque de propagation de ce virus est faible, mais reconnaissent que la chaîne de transmission est très inhabituelle.Ce sont 92 contaminations confirmées et une grande inconnue. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est revenue pour la première fois, samedi 21 mai, sur la multiplication des cas de variole du singe dans le monde
L’institution a confirmé la présence de cette maladie dans douze pays hors d’Afrique, qui était jusqu’à présent le seul continent à avoir connu des épidémies de variole du singe. Le Portugal, l’Espagne et le Royaume-Uni sont les principaux foyers de propagation avec plus de 20 cas chacun, tandis que la France a confirmé, vendredi 20 mai, le premier diagnostic positif.
Cette maladie est une zoonose – transmise à l’homme par l’animal – identifiée pour la première fois chez des singes en laboratoire en 1958 et qui appartient à la même famille que la varicelle ou la variole.
Beaucoup moins mortelle que cette dernière, la variole du singe existe actuellement sous deux formes : l’une qui s’est propagée essentiellement en République démocratique du Congo et au Congo-Brazzavile, et l’autre plus à l’ouest du continent, principalement au Nigeria.
“C’est cette deuxième souche, moins dangereuse, que l’on retrouve actuellement en Europe et en Amérique du Nord”, précise Matthias Altmann, épidémiologiste à l’université de Bordeaux et spécialiste des maladies infectieuses en Afrique.
La plupart du temps, les symptômes du virus – fièvre, toux, maux de tête et éruptions cutanées – disparaissent d’eux-mêmes après quelques semaines et aucun des patients recensés en Europe et en Amérique du Nord n’est décédé de cette maladie.
Aucun lien direct avec un pays où le virus est endémique
Si l’origine de ce virus est bien connue, ce qui inquiète actuellement les scientifiques, c’est “qu’une majorité des cas de variole du singe n’avaient aucun lien direct avec un pays africain où la situation de ce virus est endémique, ce qui est très inhabituel”, note l’OMS.
“Il y a une transmission autochtone du virus à laquelle on n’avait pas encore été confronté avec cette maladie et qu’on ne s’explique pas”, confirme Charlotte Hammer, spécialiste des maladies infectieuses à l’université de Cambridge, interrogée par le site Science Media Centre.
Jusqu’à présent, ce virus ne sortait que très exceptionnellement d’Afrique, et lorsque cela arrivait, il était très simple de trouver un lien. “Il y a eu des dizaines de cas aux États-Unis en 2003 qui étaient liés à un rongeur porteur du virus qui venait d’Afrique.
En 2018, une infirmière britannique avait été exposée à cette maladie à l’hôpital en changeant les draps du lit d’un patient qui avait été contaminé au Nigeria”, rappelle Paul Hunter, professeur de médecine à l’Université d’East-Anglia.
Si la variole du singe se transmet peu et qu’il est généralement aisé de remonter la chaîne des contaminations, c’est parce que cette maladie “est beaucoup moins contagieuse que le Covid-19, car il faut généralement un contact direct et proche avec un porteur”, résume Matthias Altmann.
Pour le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), c’est d’ailleurs l’une des principales raisons pour laquelle “la probabilité de contagion est très faible”. “On pense, en outre, qu’elle se transmet après l’apparition des premiers symptômes”, précise Matthias Altmann.
Les principaux vecteurs de contamination de la variole du singe sont “les cloques et les plaies sur le visage, les mains et les pieds qui apparaissent chez un individu infecté”, souligne Paul Hunter. Rien à voir avec la propagation silencieuse du Sars-Cov-2, amplifiée par les porteurs asymptomatiques, qui a rendu la pandémie tellement difficile à contrôler.
Moins de vaccinés contre la variole
C’est pourquoi l’explosion actuelle des cas de variole du singe dans le monde a pris la communauté scientifique par surprise. Un élément d’explication vient “de la hausse continue du nombre de cas de contaminations sur le continent africain ces dernières décennies, ce qui faisait qu’une exportation du virus devenait de plus en plus probable”, constate Matthias Altmann.
Une augmentation due, quant à elle, à un nombre toujours plus important de personnes qui ne sont pas ou plus protégées contre cette famille de virus. “Le vaccin utilisé pour protéger de la variole est aussi efficace contre la variole du singe.
Mais il n’est plus utilisé depuis 1980, car l’OMS juge que la variole a été éradiquée, ce qui fait qu’il y a de moins en moins de personnes vaccinées et immunisées dans le monde”, souligne Paul Hunter.
Mais encore faut-il un ou plusieurs élément(s) déclencheur(s) qui favoriserait une propagation sans frontière.
En Espagne, l’un des pays européens les plus touchés avec 30 cas confirmés, les autorités cherchent actuellement à déterminer si un festival qui s’est déroulé début mai sur l’île de Grande Canarie pourrait être l’un des principaux foyers de contamination, explique le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.
Plus de 80 000 personnes y étaient réunies pendant dix jours pour faire la fête et des Italiens, Madrilènes et des résidents de l’île voisine de Ténérife ont ensuite été atteints par la variole du singe.
Mutation peu probable
Dans cette quête pour comprendre cette hausse des cas dans le monde, un autre élément est apparu qui a surpris les scientifiques : le facteur sexuel. À l’heure actuelle, “la plupart des cas, mais pas tous, concernent des hommes ayant eu des rapports sexuels avec d’autres hommes “, note l’OMS. “C’est la première fois que j’entends parler de transmission lors de rapports sexuels pour la variole du singe”, reconnaît Paul Hunter.
Mais “il faut faire très attention à ne pas encore parler de maladie sexuellement transmissible”, martèle ce spécialiste. Après tout, la contamination se fait lors de contacts directs avec une zone infectée, ce qui a plus de risque de se produire lors de rapports intimes
La multiplication des contaminations pourrait aussi “être due au fait qu’il peut s’agir d’une mutation du virus qui serait plus contagieuse que la souche originelle”, note Matthias Altmann. L’évolution du Covid-19 a montré à quel point les variants pouvaient changer la face d’une épidémie.
Mais la variole du singe est très différente du Sars-CoV-2 sur ce point. “Même si l’hypothèse n’est pas impossible, cette famille de virus à ADN est beaucoup plus stable et mute moins souvent que les virus à Arn tels que le Sars-CoV-2”, précise Matthias Altmann.
En outre, le Portugal a entrepris de séquencer le génome de la souche qui circule actuellement en Europe et “elle serait identique à celle qui est active en Afrique de l’Ouest”, ajoute cet expert.
Variole du singe : comment elle se transmet, quels sont les symptômes et ce qu’il faut faire pour éviter d’être infecté
Il s’agit déjà de la plus grande épidémie de variole du singe jamais signalée en dehors de l’Afrique.
Depuis le début du mois, les autorités sanitaires de plusieurs nations, de l’Europe au Canada, en passant par les États-Unis et l’Australie, ont commencé à détecter des cas de cette étrange maladie, dont les précédentes épidémies avaient été très contenues.
L’épidémie de variole du singe touche désormais 15 pays en dehors de l’Afrique. Plus de 80 cas ont été confirmés.
Toutefois, le risque pour le grand public est jugé faible. S’exprimant dimanche à l’ouverture de l’Assemblée mondiale de la santé de son agence, le Dr Tedros a déclaré : “Bien sûr, la pandémie [de Covid] n’est pas la seule crise dans notre monde.
“À l’heure où nous parlons, nos collègues du monde entier réagissent à des épidémies d’Ebola en République démocratique du Congo, de variole du singe et d’hépatite de cause inconnue, ainsi qu’à des crises humanitaires complexes en Afghanistan, en Éthiopie, en Somalie, au Sud-Soudan, en République arabe syrienne, en Ukraine et au Yémen.
“Nous sommes confrontés à une formidable convergence de maladies, de sécheresse, de famine et de guerre, alimentée par le changement climatique, les inégalités et les rivalités géopolitiques”, a ajouté le chef de l’OMS.
Quelle réaction de la part du Centre africain de contrôle des maladies (CDC) Afrique?
“Plusieurs foyers de variole du singe” ont été signalés et maîtrisés en Afrique pendant la pandémie de Covid-19, a déclaré le directeur adjoint du Centre africain de contrôle des maladies, Ahmed Ogwell.
“Nous nous attendons également à ce que d’autres flambées épidémiques surviennent et nous les gérerons de la manière habituelle”, a indiqué le Dr Ogwell.
Mais selon lui, si les cas hors du continent sont inquiétants, c’est parce que la maladie est fréquente dans les zones de forêt tropicale humide, principalement dans les régions reculées d’Afrique centrale et occidentale.
Ces dernières années, les cas hors d’Afrique n’avaient été détectés qu’aux États-Unis, en Israël, au Royaume-Uni et à Singapour (ce qui ne veut pas dire qu’ils ne se sont pas produits dans d’autres pays, où les systèmes de détection épidémiologique sont moins développés).
Cependant, ces dernières semaines, les foyers se sont multipliés d’une manière qui a commencé à déclencher des alertes dans les institutions de santé.
Les gens attrapent la variole du singe par les animaux. La transmission de personne à personne n’est pas courante car elle nécessite un contact étroit avec des fluides corporels tels que la salive ou le pus des lésions formées par l’infection.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la plupart des personnes se remettent de la variole du singe en quelques semaines, mais la maladie est mortelle pour une personne sur dix.
Différentes agences de surveillance épidémiologique et des experts ont toutefois précisé que, bien que les cas actuels et leurs formes de contagion soient encore à l’étude, la variole du singe ne constitue pas une menace pour la santé du grand public. Nous nous penchons ici sur cette maladie rare et peu connue.
Quels en sont les symptômes?
Les premiers symptômes sont la fièvre, les maux de tête, les gonflements, les douleurs dorsales, les douleurs musculaires et l’apathie générale.
Le symptôme le plus caractéristique apparaît 1 à 5 jours après la fièvre : une éruption cutanée se développe qui commence souvent sur le visage et s’étend ensuite à d’autres parties du corps, principalement les mains et les pieds.
Dans de nombreux cas actuels, des personnes ont signalé l’apparition de l’éruption dans la zone génitale.
L’aspect de ces types de cloques change et passe par différentes étapes avant de former finalement une croûte qui tombe ensuite.
Les lésions peuvent provoquer des cicatrices. Si une personne présente ce type d’éruption, elle doit se rendre chez le médecin et s’isoler pour éviter de transmettre la maladie à d’autres personnes.
L’infection disparaît généralement d’elle-même et dure entre 14 et 21 jours.
Ces cellules controversées qui ont sauvé 10 millions de vies
La Cleveland Clinic explique qu’une personne peut en infecter une autre jusqu’à ce que toutes les croûtes soient tombées et que la peau soit intacte en dessous.
Il est essentiel de surveiller les symptômes, car le monkeypox, contrairement au covid, ne se transmet pas avant l’apparition des symptômes.
Comment éviter d’être infecté ?
La variole du singe peut se propager lorsqu’une personne est en contact étroit avec une personne infectée. Le virus peut pénétrer dans l’organisme par des lésions cutanées, par les voies respiratoires ou par les yeux, le nez ou la bouche.
Elle n’a pas été décrite auparavant comme une infection sexuellement transmissible, mais elle peut être transmise par contact direct lors de rapports sexuels.
La propagation peut se faire par tout : Le contact avec les vêtements portés par une personne infectée (y compris la literie ou les serviettes)
-Contact direct avec des lésions ou des croûtes sur la peau du patient
-La toux ou les éternuements d’une personne infectée
C’est pourquoi les autorités sanitaires recommandent de ne pas porter de vêtements et de ne pas avoir de contacts étroits avec des personnes susceptibles d’être malades.
Si vous présentez des symptômes, isolez-vous et, une fois rétabli, lavez vos vêtements, y compris les serviettes et les draps.
De même, elles suggèrent d’utiliser des mouchoirs jetables en cas de toux et d’éternuement et, si vous le pouvez, d’éviter de le faire en présence d’autres personnes.
La variole du singe peut également se transmettre par contact avec des animaux infectés, tels que des singes, des rats et des écureuils, ou par des objets contaminés par le virus, comme la literie et les vêtements.
Hygiène et autres soins
Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) rappellent que le lavage des mains reste une action décisive contre ce virus.
“Pratiquez une bonne hygiène des mains après tout contact avec des animaux ou des humains infectés. Lavez vos mains avec de l’eau et du savon ou utilisez un désinfectant pour les mains à base d’alcool”, recommande le CDC.
La Cleveland Clinic rappelle qu’en Afrique, la maladie est devenue plus fréquente chez les enfants, les parents doivent donc également appliquer ces précautions aux mineurs.
Bien qu’elle n’ait pas encore été détectée chez les animaux, d’autres épidémies de variole du singe sont apparues chez certaines espèces transportées d’Afrique.
C’est pourquoi la Cleveland Clinic recommande généralement de bien cuire tous les aliments qui contiennent de la viande ou des parties animales.
Certains experts en santé publique ont également recommandé aux personnes qui voyagent à l’étranger d’être attentives aux recommandations des autorités locales et de suivre leurs instructions et protocoles, s’ils existent, afin d’éviter toute contagion potentielle.
Si vous travaillez avec des personnes infectées dans des hôpitaux, des cliniques ou des centres de santé, le CDC recommande d’utiliser des équipements de protection individuelle.
La variole du singe est-elle fréquente?
La variole du singe est causée par le virus du même nom, un membre de la même famille de virus que la variole, bien qu’elle soit beaucoup moins grave et que les experts affirment que les risques d’infection sont faibles.
millecollinesinfos.com